La cogénération dans les serres est un nouveau procédé technique qui permet à la fois de chauffer la serre et de produire de l’électricité (revendue à EDF). C’est donc une technique qui trouve sa place dans le nouveau contexte de limitation du réchauffement climatique à 2° pour la fin du siècle en cours (2 300). A la veille de la conférence de Paris de la COP 21 (du 30 novembre au 11 décembre 2015), il nous est apparu intéressant de rencontrer SAVEOL, leader national dans la production de tomates sous serres, pour savoir où en est la coopérative dans le développement de ce procédé.  Madame Brigitte Plassard, ingénieur à SAVEOL nous a fourni les éléments techniques de la coopérative figurant dans cet article. Les serristes de SAVEOL réfléchissent à la cogénération depuis la fin des années 2000. En effet dans le prix de revient de la production de tomates, le chauffage de la serre est le second poste de charge (25 %) après la main d’œuvre (environ 30 %). Toute technologie qui permet de réduire ce poste de charge présente un intérêt stratégique pour un serriste. Cependant, le choix de la cogénération doit être murement réfléchi, car cela nécessite un investissement important.

La cogénération chez SAVEOL, une trentaine d’installations à terme

La cogénération est un moteur thermique alimenté au gaz naturel qui entraine un alternateur. Ce dernier produit de l’électricité livrée sur le réseau ERDF. Cette production électrique est contractualisée pour une durée de 12 ans sur une période précise de chaque année : de novembre à avril, la période où les besoins en électricité est la plus forte. Le moteur thermique libère de l’énergie lors de son fonctionnement et nécessite d’être refroidi avec de l’eau. Cette eau  qui se réchauffe au contact de l’énergie libérée par le moteur et les fumées d’échappement servira les besoins en chaleur de la serre sur la période hivernale. Entre mai et octobre, le dispositif de cogénération ne fonctionne pas, car les besoins du réseau électrique en électricité et de chaleur dans la serre sont faibles. Durant cette période, les faibles besoins de chaleur de la serre sont assurés par une autre source d’énergie : le  gaz ou le bois.

Novembre 2015

La cogénération dans les serres, l’expérience de SAVEOL sur le Pays de Brest

L’option « récupération du gaz carbonique"

La cogénération produit de l’électricité et de la chaleur

La décision du serriste d’investir dans la cogénération n’est prise que lorsque la faisabilité économique et financière est justifiée dans les études. Le budget de chaque installation varie suivant la puissance du moteur, la dimension de l’entreprise maraichère bénéficiaire de la chaleur, le raccordement de l’installation sur le réseau ERDF, et les garanties prises par l’investisseur.
C’est donc un exercice délicat d’évaluer un budget moyen par réalisation. On peut cependant souligner que les engagements contractuels avec EDF permettent la rentabilité  d’une telle opération à 5 ans.

Sur les douze installations de SAVEOL, quatre sont équipées d’un récupérateur de gaz carbonique.  Les gaz d’échappement du moteur sont en effet traités et le gaz carbonique épuré. Cet équipement permet d’éviter le rejet de gaz carbonique dans l’atmosphère. Le serriste déjà producteur de tomate, et d’électricité, devient, en plus, producteur de gaz carbonique dont il a  besoin pour sa serre ou pour celles des adhérents de la coopérative. En effet le gaz carbonique est utilisé de manière contrôlée dans toutes les serres, car il favorise la photosynthèse de la culture et la qualité des fruits récoltés. Toutefois le surcoût d’un tel équipement est de l’ordre de 150 à 180 000 € supplémentaire, ce qui explique le peu d’installations équipées.

Les atouts de la cogénération serres pour le Pays de Brest et la Bretagne

Le Pays de Brest et la Bretagne sont très déficitaires en énergie. Actuellement, la Bretagne ne produit que 9,1 % de ce qu’elle consomme. 90, 9 % de l’énergie consommée en Bretagne est importée. La cogénération dans les serres permet une production locale d’électricité, c’est un des piliers dans le mix énergétique breton qui vise à améliorer l’indépendance énergétique de la Bretagne.
La cogénération a la caractéristique d’être liée à une activité économique locale, la production maraichère sous serre qui représente une part non négligeable d’emplois sur le Pays de Brest. 1 Ha de serres maraichères emploie 7 Equivalents Temps Plein.
La cogénération apporte plusieurs avantages techniques à la serre :

 

 

‘SAVEOL rassemble 125 producteurs maraichers, principalement implantés sur le Pays de Brest, pour une superficie totale de 254 Ha de serres. Fin 2015 une  douzaine de serristes totalisant 87 Ha de serres ont fait le choix de la cogénération. Ces 12 installations représentent une puissance totale installée de 41 Mégawatts couvrant les besoins électriques de 8 000 logements (1 logement équivaut à une surface moyenne de 91 m² pour une famille avec 2 enfants). Pour la prochaine campagne, il y aura 7 installations opérationnelles en plus, ce qui représentera une puissance installée de 59 Mégawatt en tout. Pour la campagne suivante (2016/2017), 10 installations supplémentaires devraient voir le jour représentant une puissance cumulée supplémentaire de 23 MW. A moyen terme,  le groupe SAVEOL comptera sur le pays de Brest entre 25 et 30 installations produisant autour de 80 Mégawatts, couvrant les besoins électriques de 16 000 logements environ.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

SAVEOL compte 125 producteurs serristes implantés principalement sur le Pays de Brest

 

 

 

La cogénération pour un serriste : un investissement important

40 % de l’énergie produite est pour l’électricité et 43 % pour la chaleur dans la serre

Le moteur thermique alimenté au gaz naturel au fond et le générateur d’électricité au 1er plan