Suite à la publication de l’ouvrage "Le Nouveau Défi Armoricain", fin août, rédigé par un collectif de 7 auteurs réunis dans l’association StatBreiz, PREVER a souhaité interviewer l’un d’entre eux en la personne d’Yves BRUN, expert-comptable à Quimper. L’ouvrage comprend d’abord  un état des lieux social, économique avec une description des spécificités bretonnes, de ses entreprises, de sa démographie et de la situation de ses finances publiques. Mais les auteurs ne s’en tiennent pas qu’au diagnostic, ils s’engagent aussi en faisant un certain nombre de propositions en matière d’économie, de finances publiques, de politique d’éducation afin de faire face au réel danger de déclassement économique et social de la Bretagne.

Pour quelles raisons avez-vous souhaité co-rédiger ce livre ?

Quelques exemples que je vous cite en particulier parmi de nombreux autres :
- Nous avons une forte identité régionale  bien reconnue à l’extérieur,
- Notre économie est essentiellement productive (avec des difficultés naissantes en agroalimentaire et agriculture)  et elle accumule du retard dans le domaine du numérique par exemple.
- L’économie souterraine reste faible en Bretagne (3 à 5 % du PIB) par rapport à d’autres régions françaises
- Le maintien des centres de décision des entreprises bretonnes nécessite une réflexion. Pourquoi  ne pas envisager la création d’un fonds d’investissement breton qui permettrait d’affecter l’épargne bretonne à son économie ?
- La Bretagne est devenue la 2ème région d’accueil  de retraités en France avec en corollaire un taux de dépenses publiques par rapport au PIB atteignant 62 % contre seulement 56 % en France. Cela développe une économie de services  mais elle ne doit pas devenir exclusivement une terre d’accueil pour les séniors et les touristes.
- La Bretagne et plus largement le grand ouest de la France est une région peuplée de gens honnêtes, volontaires et certains diront, besogneux.

Octobre 2015

"Nouveau Défi Armoricain’’, interview d'un des auteurs

Pour vous quelles sont les caractéristiques de la Bretagne d’aujourd’hui ?

Nous souhaitons avant tout une gouvernance renforcée en laissant des secteurs tels que l’éducation, l’aménagement des infrastructures de transport entre autre  aux mains de la région. Pour cela celle-ci devrait pouvoir lever l’impôt comme cela s’effectue dans plusieurs pays de l’U.E. (Espagne, Allemagne…)   en passant un contrat avec l’Etat.
Nous souhaitons également rétablir un meilleur équilibre entre production et consommation. De même nous préconisons une réflexion sur le partage de la valeur ajoutée dans les entreprises ainsi que la création d’un fonds d’investissement armoricain avec une réorientation de l’épargne régionale. Au niveau des finances publiques régionales nous préconisons un modèle de forte décentralisation avec un droit à l’expérimentation. Nous sommes particulièrement attachés au désenclavement terrestre de notre péninsule par la voie ferrée et par les routes.
Il faut donner de l’espoir à notre population et encore plus à nos enfants, donc il faut que nous prenions notre destin en main, nous en avons tous la capacité et les compétences, mieux que tous les ministères et bureaucraties lointaines. Nous avons mis en exergue une citation, maitresse de notre pensée : « si vous voulez quelque chose que vous n’avez jamais eu, vous devez être disposé à faire quelque chose que n’avez jamais fait. » [Citation de Thomas Jefferson reprise à la page 141] 

Un collectif d’auteurs pluridisciplinaires réunis dans StatBreiz

Claude Champaud Pdt honoraire de l’université de Rennes, ancien Pdt du Comité économique et social de Bretagne 
Pierre François Gouiffès dirigeant d’entreprise et maître de conférences à Sciences Po 
Yves Brun expert-comptable 
Jean-Pierre Coïc avocat et Pdt de Redeo 
Jean Debois avocat honoraire et administrateur d’ETI bretonnes 
Alain Glon entrepreneur et Pdt de l’Institut de Locarn ;

Guy Tartière secteur coopératif et bancaire

 

 

‘’La Bretagne est particulièrement impactée depuis ces 3 dernières années par de multiples nouveaux défis. Nous avons été sensibilisés par les crises ayant secoué quelques grands groupes de l’agro-alimentaire breton et ce malaise s’est pleinement révélé dans de nombreux secteurs d’activité lors des manifestations vis-à-vis de l’écotaxe.  Au niveau national, notre déficit public ne cesse de croître depuis 40 ans. La France est le 1er pays de l’U.E. au niveau des prélèvements obligatoires qui pèsent sur toutes les activités aujourd’hui en situation de concurrence européenne et mondiale. L’allégement de ces prélèvements ne pourra passer que par un questionnement sur l’ensemble des politiques publiques. Où va notre argent ? Face à ces situations, nous avons recueilli l’avis d’un certain nombre de personnalités attestées en ne mentionnant que des chiffres exclusivement  justifiés. L’ouvrage est une mine de chiffres tous issus d’institutions officielles :INSEE, Eurostat, Banque de  France, Caisse des dépôts …
L’idée générale peut se résumer ainsi : de multiples secteurs d’activité s’effondrent, face à cette opacité centralisée actuelle et de cette inefficacité nationale nous devons faire des économies. De plus nous sommes une région solidaire, dynamique avec des hommes compétents, aussi nous plaidons pour disposer de plus de transparence et de responsabilités. Laissons à nos élus la possibilité d’expérimenter un certain nombre de solutions au niveau régional.
Précisons que nous n’avons aucun parti pris politique, toutefois à la veille des élections régionales nous souhaiterions que les candidats s’emparent de nos suggestions. Nous ne pouvons plus accepter ces taux d’abstention sans cesse croissants aux diverses consultations électorales en lien avec les  multiples promesses non tenues par les divers candidats et l’opacité des milieux décisionnels.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Face à ces constats avez-vous des propositions concrètes à formuler ?