La SAS du Menez Avel est une société créée entre douze exploitations agricoles du Pays de Brest avec l’objectif de mettre en place une unité de méthanisation à Plourin-Ploudalmézeau et deux stations de traitement biologique (Plouarzel, Plourin-Ploudalmézeau). Cette unité a été positionnée sur le site d’une des premières installations de traitement de lisier du Finistère qui date du début des années 2000. Après les phases d’études, initiées en 2008, de démarche administrative assez complexe et de construction, l’installation a été mise en service en mai 2014, elle deviendra opérationnelle en juillet 2014 (mise en service des moteursde cogénération). L’association PREVER souhaite mettre sous les projecteurs ce projet porté par un groupe d’agriculteurs (producteurs de porcs et de lait) de notre territoire, car il présente la particularité d’être un projet global associant le traitement biologique du lisier, la méthanisation produisant de l’électricité et de la chaleur et le compostage des liquides issus de la méthanisation avec des déchets verts pour être exportés. Ce projet est bon pour l’environnement et pour l’indépendance énergétique du Pays de Brest.

Au départ la remise en cause du compostage comme procédé de traitement du lisier

Un projet complexe qui a nécessité beaucoup de réflexion et de démarches administratives

Un projet global intégrant plusieurs procédés

Autre particularité : la majeure partie des installations sont des projets portés par des agriculteurs, en individuels ou en groupe. Pour la Bretagne, cela représente 28 installations sur les 41.

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Mai/juin 2014

Unité de méthanisation de Plourin-Ploudalmézeau : valoriser les déchets pour produire de l’électricité

 

 

 

Jean Jacques Lainez, le président du SAS du Ménez Avel et Vincent Douguedroit, le responsable de l’unité de méthanisation nous ont expliqué la démarche qui les a amenés à s’engager dans la méthanisation. « Au début des années 2000, trois plateformes de compostage ont été mises en place par des agriculteurs regroupés en 3 GIE (Plourin, Plouarzel, Lannilis) permettant de traiter leur lisier par mélange avec les déchets verts provenant des collectivités locales avoisinantes (BMO, CCPI, CCCPA). Durant cette période, la société Natural spécialisée dans le compostage a géré l’activité de compostage. A partir de 2004, suite au dépôt de bilan de Natural, le GIE du Menez Avel a été créé. Il regroupait les trois GIE en place et a géré en direct l’activité de compostage en achetant tout le matériel nécessaire et en embauchant 2 salariés. A l’époque, on traitait 30 000 m3 de lisier. Mais les perspectives étaient de traiter le double. A partir de 2008, l’administration nous a incités à réfléchir à un nouveau procédé de traitement. Le compostage n’était plus adapté. Le traitement biologique était le seul procédé techniquement envisageable, mais il avait un gros inconvénient, son coût tant en infrastructure qu’en fonctionnement. Les études faites à ce moment ont estimé un coût de 8 à 10 €/m 3. A ce moment là, nous avons recherché à coupler au procédé de traitement biologique qui est opérationnel, mais qui coûte cher, un procédé qui amènerait des recettes de manière à avoir un ensemble qui, au final, coûterait moins cher en fonctionnement.  C’est ce qui nous a conduits à opter pour la méthanisation. Les études ont démontré que le coût était divisé par 2 : on passait à 4 €/m3. De plus, nous avons décidé de conserver le compostage pour traiter les digestats de la méthanisation en les mélangeant avec des déchets verts de manière à obtenir des amendements organiques pouvant être exportés vers la zone légumière ou des régions de grandes cultures. Notre installation est unique en France, aujourd’hui car elle associe traitement biologique, méthanisation et compostage »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La méthanisation (ou digestion anaérobie) est un processus naturel biologique de dégradation de la matière organique en absence d'oxygène. En milieu anaérobie, avec une montée de la température, la matière organique contenue dans divers déchets est dégradée et transformée en méthane (à plus de 90 %). Ce méthane est utilisé comme combustible de moteurs thermiques entrainant des générateurs d’électricité. La chaleur produite par l’installation peut être récupérée pour le chauffage de bâtiments d’élevage, serres ou habitation.
Ce procédé est résumé dans le schéma ci-dessous qui détaille les quatre étapes du projet

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans le cas de l’installation de la SAS de Menez Avel, à ce schéma qui représente les étapes de la méthanisation, il faut rajouter en amont le traitement biologique du lisier et en aval le compostage du digestat avec les déchets verts.

 

 

 

« Dés que l’orientation a été retenue, nous nous sommes engagés dans une phase d’études et de réflexion. Nous avons visité beaucoup d’installations aux Pays Bas, Allemagne et même en Bulgarie. Nous sommes rentrés en relation avec des bureaux d’étude spécialisés étrangers et français. Nous avons connu des mésaventures (perte de confiance avec certains d’entre eux) et donc perte de temps.  Au final, nous avons conclu avec la société Hochreiter, filiale française d’une entreprise allemande spécialisée dans la méthanisation à la ferme. Notre choix s’est porté sur une installation de 500 KWH. Ensuite, il a fallu engager les démarches administratives dans deux directions : la réglementation « installations classées » que nous connaissions déjà en tant qu’éleveurs et la partie « ERDF Electricité Réseau de France » que nous ne connaissions pas. Pour la réglementation « installations classées », les démarches se sont déroulées correctement. Elles concernaient non seulement l’installation à créer, mais aussi nos élevages. Nous avons déposé le dossier pour l’installation en décembre 2011 et nous avons obtenu l’autorisation en avril 2013. Avec ERDF, cela a été plus compliqué pour la négociation du raccordement au réseau. Par exemple, nous n’avons pas pu nous raccorder à une ligne électrique existante  à 200 m (pour les éoliennes voisines), il a fallu se raccorder à une ligne situé à 1,2 km. Depuis mai 2014, la phase de construction est finie. L’ensemble « procédé biologique/ unité de méthanisation/unité de compostage » a coûté autour de 5,5 millions d’€. Nous avons obtenu 800 000 € de subventions provenant des organismes suivant : le P.P.E (Plan de Performance Energétique),  l’ADEME, L’Agence de l’Eau Loire Bretagne et le Conseil Général du Finistère »

 

 

 

 

 

 

 

Les logements sociaux, l’activité principale de BMH

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’état des lieux des installations de méthanisation

 

En plus de l’éclairage apporté ci-dessus au projet de Plourin, il nous est apparu nécessaire de présenter l’état des lieux des installations pour la Bretagne. La carte ci-dessous établie par l’association AILE le présente pour la Bretagne et les Pays de la Loire, deux régions où plusieurs projets se sont concrétisés principalement depuis 2010 : 35 installations en Pays de la Loire, 41 pour la Bretagne, dont 10 pour le Finistère et 2 pour le Pays de Brest. Pour la Bretagne, les tonnages de substrats sont importants : plus de 170 000 tonnes d’effluents d’élevage, près de 33 000 tonnes de matières végétales agricoles, 15 000 tonnes de matières végétales non agricoles, près de 175 000 tonnes pour les autres matières et 932 000 tonnes d’effluents liquides provenant des industries agro-alimentaires. De l’autre bout de la chaine, la production d’électricité est de 84 500 MWhe et la production de chaleur de 124 700 MWhe. Ces quelques chiffres montrent que cette activité a permis de valoriser plusieurs centaines de milliers de tonnes de déchets en produisant localement de l’électricité et de la chaleur.