L’association PREVER a été invitée par « Eaux du Ponant » à visiter la station d’épuration de Brest Zone portuaire. Cette visite nous intéressait particulièrement, car nous ne connaissions pas très bien la manière dont fonctionne le traitement des eaux usées en zone urbaine. Comment sont traitées les eaux chargées sortant d’un wc, d’un lave-linge ou d’un lave-vaisselle lorsque le logement est relié au « Tout à l’égout » ? Au cours de la visite, nous avons découvert non seulement la station d’épuration, mais aussi l’ensemble du dispositif.

Un potentiel de traitement de 245 000 équivalent habitants

Un procédé de traitement biologique complété par l’incinération des boues

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Mars 2014

Le traitement des eaux usées de Brest et sa périphérie

 

 

 

 

Depuis 2012, le traitement des eaux fait partie des compétences « d’Eaux du Ponant », société de droit privé à capitaux publics qui gère par ailleurs aussi l’approvisionnement en eau pour la majeure partie du Pays de Brest (cf actualités de juin 2013, la station de pompage de Pont Ar Bled). Le territoire pour le traitement des eaux usées couvre les communes faisant partie de BMO (Brest Métropole Océane) et la commune de Loc-Maria Plouzané. Le dispositif comprend les réseaux, des stations de relevage et 3 stations d’épuration, dont l’une est équipée d’un four d’incinération.  « Eaux du Ponant » gère en direct le réseau qui est très important (1 000 km). L’exploitation des stations d’épuration a été sous-traitée par « Eaux du Ponant » à Veolia pour un bail de trois ans, renouvable une fois. Les trois stations d’épuration sont de dimension inégale. La plus petite se situe à Toul ar-Rannic à Plougastel-Daoulas, elle a une capacité de 9 000 équivalents habitants. La station de la Maison blanche recueille les eaux usées de l’ouest du territoire, elle a une capacité de 65 000 équivalents habitants. La plus importante, celle de la zone portuaire, a une capacité de 170 000 équivalents habitants, elle est en plus équipée d’un four d’incinération qui reçoit les boues des trois stations et de d’autres réparties sur le territoire du Pays de Brest.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des installations performantes en permanence sous contrôle

 

 

 

 

 

 

 

 

Comme on peut le constater, le procédé d’épuration qui comprend différentes phases met en œuvre une technologie pointue. Les deux stations principales (Maison blanche et Zone portuaire) ont été reconstruites en 2004. Elles sont en bon état et sont performantes. La station de la zone portuaire peut traiter 30 000 m3/jour, le seuil de traitement maximum garanti est de 64 000 m3/jour. Elle fonctionne, en continu, avec 9 personnes (il y a en permanence une personne d’astreinte). Elle est pilotée par informatique avec des systèmes de sécurité. L’ensemble de l’installation s’arrête automatiquement si les eaux épurées rejetées dans le milieu dépassent un certain seuil. Des organismes officiels extérieurs contrôlent le fonctionnement en continu : la police de l’eau pour le procédé de traitement et la DREAL pour le four d’incinération.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A l’arrivée de la station d’épuration, les eaux brutes, chargées de matières en suspension sont recueillies dans un bassin de relevage (1) pour acheminer les débits excédentaires (en cas de forte pluviométrie) vers des bassins d’orage (4). Le flux courant (de l’ordre de 3 500 m3 /heure) est acheminé vers un poste de prétraitement qui comprend deux phases. Le dégrillage (2) et (5) consiste en l’élimination des plus gros déchets qui sont compactés avant d’être évacués vers le four d’incinération. Le dessablage/dégraissage (6) se déroule dans le même ouvrage. Le dessablage permet d’éliminer les graviers et les sables par décantation. Ils sont repris, lavés et stockés dans une benne. Le dégraissage permet d’éliminer les huiles et les graisses. En insufflant de l’air dans l’ouvrage, les graisses viennent en surface, elles sont raclées et acheminées vers un concentrateur avant d’être incinérées. Ensuite arrive la phase du traitement biologique. Il se réalise dans des bassins d’aération (7) grâce à l’air insufflé et à des agitateurs lents à hélice. Les conditions sont réunies pour la dégradation des matières organiques et de l’azote. C’est dans les clarificateurs (8) que s’effectue la séparation de l’eau et de la boue. L’eau épurée est recueillie, contrôlée et acheminée (9) vers le milieu naturel (bassin du port de commerce), tandis que les boues sont dirigées vers le traitement de déshydratation. Les boues issues du traitement biologique sont égouttées (sur des tables d’égouttage) (11) puis déshydratées dans une centrifugeuse (13). Leur volume es réduit par 20. La dernière étape est l’incinération dans un four d’incinération (14). Les fumées sont épurées sur des filtres avant dispersion dans l’atmosphère.

Le réseau d’assainissement se trouvant en amont des trois stations de traitement mesure 1 000 km et il comprend une centaine de stations de relevage indispensables pour tenir compte des dénivelés de terrain. Il est important de comprendre le fonctionnement des réseaux et des stations de relevage se trouvant en amont des stations d’épuration, car c’est à ce niveau que se situent les dysfonctionnements.
Normalement à la sortie d’un logement, il y a deux réseaux, un pour les eaux usées reliées aux stations d’épuration et un pour les eaux pluviales  qui peuvent être rejetées dans le milieu. Premier problème, sur les 1000 km de réseau, une partie non négligeable comprend un seul réseau (eaux usées + eaux pluviales), en particulier toute la partie du centre ville de Brest. Conséquences : dès qu’il pleut, le volume des eaux collectées dans ce réseau unique augmente considérablement. Deuxième problème : les réseaux ne sont pas complètement étanches, ce qui provoque en permanence une pollution diffuse non détectable, et un afflux d’eau dans les canalisations au moment des fortes pluviométries.
Troisième problème, le dimensionnement des stations de relevage est prévu pour relever un certain volume de liquide. Au-delà de cette limite, sur chacune d’elles il y a un dispositif pour rejeter dans le milieu. Il en ressort que les rejets dans la nature se produisent, avant tout, dans les réseaux et les stations de relevage en amont des stations d’épuration.

 

 

 

 

 

 

 

Ci dessus : la centrifugeuse

Ci-contre : le four d'incinération

Les dysfonctionnements se situent au niveau des réseaux et des stations de relevage

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous avons publié le compte-rendu de cette visite, car nous sommes convaincus que beaucoup de nos concitoyens ne savent pas quel dispositif existe derrière ce qu’on appelle le « Tout à l’égout ». Comme on ne voit pas les effluents sortant d’un logement, on ne se sent pas concerné et on en parle encore moins. Hors chacun doit être responsable de ses déchets, de tous ses déchets, y compris de ses effluents !
Nous avons été impressionnés par la technicité mise en œuvre ainsi que par le dispositif de contrôle et de sécurité dans la station d’épuration. C’est bien ! Mais il faut aussi prendre en compte ce qui se passe en amont des stations de traitement. C’est au niveau du réseau qui les alimente que s’effectuent les rejets dans le milieu. Ils sont nombreux et permanents en période de forte pluviométrie. Ainsi, la pollution a été importante durant toute la période de forte pluviométrie que l’on vient de vivre de novembre 2013 à février 2014. Le problème est qu’elle n’est même pas évaluée et que personne n’en parle ! Pour l’avenir, il nous parait indispensable que les projets d’investissement doivent cibler l’amélioration du réseau.
Dernière remarque, on est en présence d’un dispositif qui couvre un territoire assez conséquent et qui se termine par un nombre restreint de stations d’épuration dont l’une est de taille importante. Ne serait-il pas plus judicieux de disposer de plus d’unités de traitement de manière à réduire le nombre de stations de relevage (il y en a 100) ? On sait que chaque station de relevage rejette dans le milieu au dessus d’un certain débit.

Les dysfonctionnements se situent au niveau des réseaux et des stations de relevage