Après avoir présenté les données de base de l’agriculture et de l’agroalimentaire (rubrique actualités de décembre 2013) et la situation de l’agriculture du Pays de Brest (rubrique actualités de janvier 2014), nous voulons approfondir l’agroalimentaire de notre territoire. Ce secteur est relativement développé sur le Pays de Brest grâce aux projets initiés au cours de l’histoire par des coopératives et des groupements de producteurs mis en place par les agriculteurs et par des industriels privés dynamiques. Les données et les illustrations présentées dans cet article proviennent de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) de Brest. Nous tenons à la remercier.

L’agroalimentaire apporte des services à l’exploitation agricole

L’agroalimentaire un secteur d’activité créateur d’emploi dans le milieu rural

Les produits de la mer
On peut être surpris de voir apparaître les produits de la mer en numéro 3 dans cette liste. Il ne faut pas s’en étonner. En effet, l’agroalimentaire comprend non seulement les produits agricoles, mais aussi tout ce qui provient de la mer. Cette gamme de produits est très diversifiée sur notre territoire : les poissons, les crustacés, les algues…. Rappelons que le littoral s’étend sur 370 km sur le Pays de Brest. Les lieux de production sont divers : les ports de pêche (Brest, Camaret, Le Conquet …), les parcs à huitre, le premier port goémonier d’Europe (Lanildut)… Nous présenterons de manière détaillée ce secteur dans une publication ultérieure

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Le développement de l’agriculture qui s’est opéré au cours des 30 glorieuses a entrainé un développement important du secteur agroalimentaire. Ce développement des deux secteurs d’activité s’est réalisé en parallèle, car le développement de l’exploitation agricole n’a pu se faire que par la mise en place ou le développement de structures qui lui ont apporté des services, soit en amont, soit par la transformation des produits agricoles ou par leur commercialisation. C’est cet ensemble de services qui tourne autour de l’exploitation agricole que l’on appelle l’agroalimentaire. Pour bien comprendre ce secteur,  il est important de connaitre ses trois composantes :

  • L’amont : il s’agit des activités de service en amont de l’exploitation agricole, comme la fourniture des intrants (engrais, produits phytosanitaires, aliments du bétail….), les agroéquipements (le matériel agricole,  les bâtiments et leurs équipements…), les services (techniques, comptables) …..
  • Les  I.A.A. (Industries Agro Alimentaires) : ce sont les activités de transformation des produits qui sortent de l’exploitation agricole. C’est le cœur de la filière. Pour le Pays de Brest, les principaux produits agricoles sont le lait, le porc, les légumes. Il est important de comprendre que la transformation du lait et du porc se sont beaucoup développées et diversifiées au cours du temps, offrant ainsi aujourd’hui une gamme de produits de plus en plus élaborés. Par contre la transformation des légumes s’est plus limitée à leur conditionnement.
  • L’aval : ce sont les activités liées à la commercialisation des produits agroalimentaires comprenant différents domaines, comme la logistique, le transport, les centrales d’achat. Il faut signaler que le commerce de gros représente 90 % des activités d’aval sur le Pays de Brest.

Février 2014

Panorama de l’agroalimentaire du Pays de Brest

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

source :CCI de Brest 2013

Les IAA représentent la part la plus importante (60 %) des 4260 emplois de l’agroalimentaire du Pays de Brest

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

source CCI Brest 2013

La vitalité actuelle de beaucoup de communes du Pays de Brest est directement liée à la présence de l’agroalimentaire

 

 

 

Les secteurs de la filière agro alimentaire sur le territoire

 

Amont IAA Aval

 

 

 

 

 

 

 

Le lait et les produits laitiers
La filière lait arrive largement en tête. Cela s’explique en premier lieu par la présence très forte de la production laitière sur le territoire. Il reste beaucoup de producteurs de lait très performants (très bonne maîtrise technique de la production laitière) qui bénéficient de conditions climatiques exceptionnelles, ce qui permet de produire du lait à un coût moins élevé que beaucoup de bassins laitiers concurrents. La production laitière du territoire est aujourd’hui encadrée par le régime des quotas laitiers qui s’achèvera en 2015, ce qui ouvre de nouvelles perspectives pour la filière. De plus le territoire compte plusieurs établissements du secteur coopératif et du secteur privé. Les coopératives viennent de se regrouper au sein du groupe Laïta basé à Brest (regroupement de Even de Ploudaniel et de Triskalia (anciennement Coopagri de Landerneau) associé à une grosse coopérative des Pays de la Loire (la CANA). Laïta est désormais le 3ème opérateur français dans le secteur laitier. La gamme de produits est très diversifiée. Ce  regroupement a pour objectif de percer sur le marché mondial, en particulier sur la Chine. Deux industriels privés dynamiques sont également présents. La SILL à Plouvien investit dans la poudre de lait destinée à l’export vers l’Asie  et dans le domaine de la nutrition-santé. La société Rolland de Plouédern s’est spécialisée dans la fabrication de glaces (marque Flipi). La filière lait (production + transformation) est l’un des poids lourds de l’économie du Pays de Brest, son avenir va dépendre de sa capacité à maintenir ses marchés et à conquérir d’autres sur le marché mondial.

 

La viande
Le classement en numéro 2 provient du fait que l’entreprise Doux de Châteaulin spécialisée dans la volaille est incluse dans la liste (le territoire de la communauté de communes de Châteaulin fait partie du territoire de la CCI de Brest). Il est important de faire remarquer que les grosses unités d’abattage et de transformation pour les bovins et les porcs qui sont les deux productions agricoles principales du Pays de Brest sont positionnées plus au centre et à l’est de la Bretagne. Les récents événements avec la mise en liquidation des abattoirs Gad ne fait qu’accentuer ce phénomène. Nous n’avons plus en proximité immédiate de notre territoire une unité d’abattage et de transformation de gros volume de porcs. Cette situation est le fruit de l’histoire qui a conduit à implanter les abattoirs et les usines de transformation plus au centre de la région. . En effet, la production porcine est très organisée au niveau de la Bretagne, avec à la base des groupements de producteurs. De ce fait la collecte de porcs a été raisonnée au niveau du territoire breton, ce qui a conduit à implanter les abattoirs et les usines de transformation plus au centre de la région. Par contre l’implantation des coopératives de production porcine dans le nord ouest  Finistérien y est très forte  en lien avec la densité des ateliers porcins : Prestor à Kersaint-Plabennec, Triskalia à Landerneau et Aveltis à la limite du Pays de Brest sur Landivisiau. Ces groupements totalisant plus de 200 salariés offrent une panoplie de services et conseils à leurs adhérents : bâtiment d’élevage, environnement, nutrition, génétique, sanitaire …

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Toute cette activité a créé des emplois. Pour le Pays de Brest, cela représente au final 64 entreprises et 4260 emplois. Au cours des trente glorieuses, la création d’emplois dans le secteur agroalimentaire a compensé en partie la perte de bras dans l’agriculture.
La carte et le schéma ci-dessous présentent la répartition des emplois de l’agroalimentaire dans les communes du Pays de Brest. Un constat s’impose. Les emplois sont disséminés sur plusieurs communes du milieu rural de notre territoire, contribuant à son dynamisme. Ce sont les communes sur lesquelles cette activité a été créée et s’est développée au cours du temps qui ont bénéficié de cette implantation et de  cette croissance. En offrant des emplois localement, bien souvent ces communes ont connu une forte croissance démographique. Il faut aussi faire remarquer que beaucoup d’activités agroalimentaires se situent sur les communes positionnées de part et d’autre de la voie express N12 allant de Brest à Landivisiau, en bénéficiant de l’implantation des zones d’activités économiques mises en place autour de cet axe par les instances communautaires.

Les fruits et légumes
Les légumes étant la troisième spécialité  de l’agriculture du Pays de Brest, il apparait normal que ce secteur arrive en haut du classement. Il y a deux parties dans la filière légume : les légumes frais et les légumes transformés. Sur le Pays de Brest, on fait surtout du légume frais, tout d’abord en plein champ sur les communes côtières allant de Plougonvelin à Saint Pol de Léon. A côté des légumes traditionnels (la pomme de terre, le chou-fleur et l’artichaut), on a vu apparaitre au cours du temps des nouveaux légumes (échalotes, brocoli, romanesco,…). La majeure partie de ces légumes est vendue sous la marque « prince de Bretagne » commercialisée par un groupement de producteurs, la SICA de Saint Pol de Léon qui dispose également d’une gamme de légumes bio très étendue avec ses 30 producteurs spécialisés (1er groupement de producteurs sur le marché des légumes bio en France).. Il faut, malgré tout, faire remarquer que cette production est en perte de vitesse sur le Pays de Brest, du fait de l’agrandissement des exploitations. Par contre, l’autre forme de légumes frais, à savoir les « légumes sous abri » s’est beaucoup développée, principalement la tomate, sous l’impulsion d’un autre groupement de producteur, SAVEOL qui s’est constitué par le regroupement de deux coopératives (la Presqu’île de Plougastel Daoulas et le GMB du Relecq Kerhuon). Sous l’impulsion de SAVEOL, la production sous serre s’est développée au cours du temps (la tomate vrac, la tomate grappe, la tomate cerise, et même la production de fraise …..), le conditionnement de ces produits est créateur d’emploi dans ce secteur. Quant à la production de légumes transformés, elle est présente sur le territoire du Pays de Brest, mais il n’y a aucune unité de transformation sur le territoire. Elles, aussi, se situent plus au centre de la Bretagne

 

 

 

 

 

 

 

Les autres secteurs d’activité
Nous ne présentons pas une analyse détaillée pour les trois autres secteurs d’activité : « les autres industries », « le pain et les pâtisseries », « les aliments du bétail ». Ce n’est pas parce que leur poids relatif est moins important, qu’il faut les négliger. Si aujourd’hui, elles sont présentes sur le Pays de Brest, c’est bien souvent qu’à la base il y a eu une personne, un groupe de personnes, une famille qui a eu une idée et qui a décidé de prendre des risques pour transformer cette idée en projet pour d’abord créer l’activité et ensuite la développer. C’est en cumulant toutes ces initiatives locales que l’on peut présenter un tel bilan !

 

 

 

L’ensemble « agriculture + agroalimentaire » représente 130 000 emplois au niveau de la région Bretagne et 10 000 emplois au niveau du Pays de Brest. C’est ce qu’on appelle le modèle agricole breton. Nous l’avons présenté dans le détail. Son histoire est riche d’enseignements. Un constat s’impose : il est toujours aujourd’hui créateur d’emplois, et de valeur ajoutée et il contribue positivement au commerce extérieur de notre pays (une part non négligeable de la production est exportée). C’est le meilleur modèle de développement qui existe, car il est basé sur les initiatives des acteurs locaux : agriculteurs, (en individuel, en groupe, en coopérative ou en groupement) et industriels locaux dynamiques. C’est un modèle qui est copié, envié et critiqué.  Certes, ces dernières années, de nouveaux   modèles agricoles sont apparus sur notre  territoire (exploitations orientées vers la vente directe, tourisme rural, développement de l’agriculture biologique et de nouvelles productions diversifiées …) mais n’oublions pas que le tandem agriculture conventionnelle + agro-alimentaire reste l’un des moteurs de l’économie de notre territoire. A ceux qui critiquent le modèle agricole breton, l’association PREVER souhaite passer le message suivant : « heureusement qu’il est là ! Il ne faut pas le remettre en cause. Il faut le faire évoluer pour qu’il puisse s’adapter aux nouveaux défis qui se présentent, en particulier pouvoir lutter à armes égales dans le commerce international »

Position de PREVER