Durant la décennie 2000/2010, plusieurs stations de compostage se sont installées sur le Pays de Brest. Originalité de la démarche : à chaque fois, ce sont des éleveurs de volaille et de porc qui ont mis en place ces stations, car ils ont choisi le compostage comme mode de traitement de leurs effluents en excédent. Une fois l’installation mise en place, ils ont valorisé l’équipement en compostant aussi des déchets verts et des boues de station d’épuration. Au final sur le Pays de Brest, c’est plusieurs milliers de tonnes de compost qui sont produits par an, dont la majeure partie est exportée et vendue vers d’autres régions françaises en déficit de matière organique, ce qui contribue à améliorer fortement notre environnement tout en apportant de la valeur ajoutée. Ci-dessous, nous présentons le témoignage de Lionel Rivoal, responsable de la station de compostage de Plouvien
Au départ, un élevage de dinde qui a des excédents de fumier à traiter
Le compostage est un procédé biologique naturel qui permet de transformer des déchets organiques (fumier, lisier, déchets verts, boues de stations d’épuration…) en un produit normalisé, stabilisé et hygiénisé, « le compost ». C’est la même technique que celle utilisée par les ménages qui compostent une partie de leurs ordures ménagères. La différence se situe au niveau de la taille de l’équipement. Les différentes phases sont les suivantes :
'
RetourLes parents de Lionel, Mr et Madame Rivoal se sont installés en 1981 à Plouvien en construisant un premier bâtiment d’élevage de 1 500 m2 pour élever des dindes. Le développement se poursuit durant la décennie 80 : un deuxième bâtiment en 82, un troisième en 86 et un quatrième en 89. A chaque fois, les bâtiments d’élevage ont été autorisés sur la base des réglementations existantes. A partir de 1990, la démarche de mise aux normes des bâtiments d’élevage se met en place. « Mes parents se sont engagés dès le départ. De 1990 à 2007, ils ont déposé trois dossiers de mises aux normes. Quand le dossier était déposé en Préfecture , il était dans les clous, avant l’aboutissement de la procédure, il ne l'était plus. Ils se sont aussi engagés dans le projet de traitement collectif LSE de Lannilis en 2001. C’est à partir de l’arrêt de ce projet en 2005 que la solution du compostage est envisagée, car le compostage se présente comme la solution technique la mieux adaptée au traitement d’un fumier de volaille pailleux. »
Mai 2013
Les stations de compostage traitent à la fois les effluents d’élevage et les déchets urbains - Témoignage d'un responsable de station
Lionel Rivoal
L'élevage compte 4 bâtiments |
Les dindes sont logées sur de la paille |
les dossiers de mise aux normes de l'élevage |
la phase de dégradation |
la phase de maturation |
le produit fini avant criblage |
Le fumier de volaille provient de l'élevage |
le déchet vert est fourni par les collectivités locales |
le lisier provenant d'élevages voisins est stocké dans une fosse |
les équipements : hangar, aire bétonnée extérieure, chargeuse ..... |
Pilotage du compostage par informatique |
Pont bascule électronique pour tout peser |
Le compostage, une technique en deux phases
Le même procédé pour deux types de produits
« La station de compostage a été installée en 2006. Elle a été dimensionnée pour traiter les fumiers de volaille de notre élevage ainsi que l'excédent de lisier des exploitations voisines. Très vite, nous nous sommes rendus compte que l’installation était sous-employée. En effet le cycle de l’élevage est de 4,5 mois, alors que la durée de la phase de fermentation du compostage est de 2 mois. Dès lors, nous avons recherché d’autres produits organiques. C’est ainsi que les déchets verts sont arrivés en 2007 et les boues de station d’épuration en 2009. De plus, cette ouverture a coïncidé avec mon arrivée sur l’exploitation en 2008. Aujourd’hui, sur la station, nous fabriquons deux composts bien différents : l’un d’origine agricole obtenu à partir du fumier de volaille pailleux de notre élevage et de lisier de porc et de veau de boucherie provenant de deux élevages voisins. C’est le compost « agricole » norme NFU 42001. L’autre est réalisé à partir des déchets verts, fournis par BMO et les boues de station d’épuration du syndicat du Bas Léon (52 communes réparties sur les communautés de communes des Abers, de l’Iroise et de Lesneven Côtes des Légendes) ainsi que les boues de la station de la coopérative Even de Ploudaniel. C’est le compost « urbain et agroalimentaire » norme NFU 44095. Nous réalisons régulièrement des analyses pour bien vérifier que nos composts sont conformes à ces normes. Notre production annuelle de compost est d'environ 3 500 tonnes, dont 55% issu de l'agriculture et 45 % issu des déchets urbains et agroalimentaires.
« Il est impératif de suivre rigoureusement le procédé du compostage. Le temps de travail annuel est un mi-temps et l’activité exige une bonne organisation du travail. Depuis mon arrivée sur l’exploitation, j'y suis principalement impliqué. Malgré les subventions de l’Agence de l’eau, du Conseil Général du Finistère et du Conseil Régional de Bretagne, les équipements sont relativement importants : un pont bascule (on pèse tout ce qui rentre et tout ce qui sort), deux hangars pour une surface totale de 2000 m2, un pour chaque phase, une aire bétonnée découverte (2000 m2) entre les deux hangars pour entreposer les produits, une chargeuse pour les différentes manipulations de produits, une fosse pour la récupération des jus et le stockage du lisier, des ventilateurs pour insuffler de l’air dans les cellules, et même un laveur d’air pour abattre les odeurs. Dans un bureau, un pilote informatique permet de contrôler l’évolution de la température, de suivre les différentes phases et d'archiver afin d'établir la tracabilité du produit et de répondre à tout type de contrôle. Au final, c’est une nouvelle activité très différente de la conduite d’un élevage. Aujourd’hui cette activité s’équilibre financièrement. Le compost issu du secteur agricole plus riche en éléments fertilisants est exporté dans sa totalité. Le compost dit urbain ou agroalimentaire est moins riche en éléments fertilisants mais trouve également son intérêt et est exporté à 80 % hors de notre région. Les Clients reviennent régulièrement. Ils se trouvent dans différentes régions de France et quelques uns en proximité. Pour ce genre d’activité le relationnel est très important. La confiance est un élément essentiel : on l’obtient au travers d’un produit qui donne satisfaction. La revalorisation de nos déchets n’est plus un sujet tabou. Cette installation est bien la preuve que le monde agricole et urbain ont parfois des intérêts communs et qu’il est intéressant de travailler ensemble. Des solutions existent ! »