Le Syndicat Mixte pour l’Aménagement Hydraulique des bassins du Bas-Léon a été créé en 1969. Nous avons demandé à Pierre Adam, qui en est le Président depuis 1995, de raconter l’histoire du Syndicat. En 43 ans, celle-ci s’avère être une succession de défis autour de l’approvisionnement en eau de 51 communes du Nord Finistère (près de 118 000 hab), représentant une bonne part du territoire du Pays de Brest (365 000 hab).

 Pierre ADAM, Président du Syndicat
et de la CLE (Commission Locale de l'Eau)

1969, la création du Syndicat
Comment faire face à la demande estivale ?

Usine d’alimentation en eau potable de Kernilis

 

1976
La sécheresse perturbe les plans établis

Il a fallu faire face à la sécheresse de 1976, car les captages communaux étaient insuffisants. En un temps record, des dizaines de kilomètres supplémentaires de canalisations ont été posées. Au final, le réseau a été mis en place en un peu plus d’un an, alors que les travaux étaient programmés sur 10 ans.
Ce fut une période délicate pour les finances du Syndicat, avec parfois, des débats houleux. Finalement, les communes ont accepté de s’approvisionner en eau auprès du Syndicat ou de verser leur contribution afin de rembourser les emprunts.

Les années 80
Comment ne pas dépasser 50 mg de nitrate par litre dans l’eau du robinet ?

Pour régler cette question, il y avait deux options possibles : soit le Syndicat essaimait des unités de traitement à proximité des captages communaux, soit il traitait à la prise d’eau. C’est cette deuxième option qui a été retenue. Ce qui a conforté l’intérêt de la création du Syndicat et facilité sa gestion.
Entre 1985 et 1988, l’usine de traitement à Kernilis a doublé sa capacité de production et s’est équipée pour assurer la dénitratation. Pour, les productions communales dépassant les 50 mg de nitrate/litre, un dispositif de mélange, adapté à chaque collectivité, entre l’eau des captages et l’eau dénitratée de la rivière, a été installé dans les châteaux d’eau. Celui-ci a permis la distribution d’une eau conforme à la réglementation.
Le nombre de communes consommant l’eau du Syndicat a beaucoup augmenté, 37 à ce jour. Pour 13 d’entre elles, il s’agit de la seule ressource.

Les années 90 et 2000
La marche vers une réduction généralisée des taux de nitrate

Un constat s’imposait : les taux de nitrate à la prise d’eau et dans les captages augmentaient. On voyait bien que la politique de mélange des eaux pour obtenir une eau de robinet en-dessous du seuil avait ses limites. Il fallait s’attaquer à un grand défi : réduire ces taux. Cela a été rendu possible par un ensemble de mesures.

La protection des captages

L'évolution des pratiques agricoles

Entretien de la rivière Aber Wrac’h

Pompe de prairie

Aménagement du moulin du Folgoët
Réalisation 2008.2009

Piégeage de ragondins

Fin des années 90
Le Syndicat prend la compétence «élimination des boues de station d’épuration»

Les stations d’épuration produisent des boues liquides (2% de matière sèche). Pendant longtemps, elles ont été épandues sur les terres agricoles. A la fin des années 90, au regard de l’évolution des plafonds de fertilisation, les agriculteurs n’ont plus été en mesure d’accepter les boues de station, réservant leurs terres à l’épandage des effluents d’élevages. Il fallait donc trouver une autre solution. Dans un premier temps, la seule possible fut l’incinération. Elle a conduit le Syndicat a passé un contrat avec BMO (Brest Métropole Océane) pour l’utilisation du four au port de commerce.

Cette solution, utilisable de façon pérenne, présentait l’inconvénient d’être onéreuse. En effet, il fallait compter, pour la seule incinération, près de 120 € pour un mètre cube de boue pâteuse. Mais, dès 2007, des stations de compostage sont mises en place par des agriculteurs du territoire. Ce procédé, moins cher, présentant en plus l’avantage d’être plus naturel, a été retenu par le Syndicat. Le compost est réalisé à partir d’un mélange de déchets verts et de boues de station centrifugées. Il est exporté, en partie, vers d’autres régions françaises (à dominante grandes cultures).
En pratique, le Syndicat réserve les 2/3 des  boues au compostage et le 1/3 à l’incinération.

Station de compostage : mélange de déchets verts, de boues de staion centrifugées et de déjections animales Procédés de centrifugation: avant d’être incinérées, les boues passent de 2% à 22% de matière sèche par centrifugation. Cette opération est réalisée sur la station d’épuration par une entreprise disposant d’un matériel ambulant.

Aujourd’hui
C’est la mise en place du SAGE et la lutte contre les algues vertes

L’élaboration du SAGE du Bas-Léon
Depuis 2007, le Syndicat travaille à la mise en place du SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux) qui concerne les 51 communes adhérentes et 7 autres communes. Le projet est élaboré par une CLE (Commission Locale de l’Eau) qui réunit tous les acteurs locaux (élus, usagers, pouvoir public, associations, profession agricole…). Il s’agit de mettre en place une gestion concertée et collective de l’eau au niveau du territoire. Les relations établies depuis plus de 40 ans facilitent la tâche.
Cf : Carte du périmètre du SAGE du Bas-Léon

Plan gouvernemental de lutte contre les algues vertes
En 2010, l’Etat a répertorié 8 baies « algues vertes » en Bretagne, dont la baie de Guissény – Bassin Versant Quillimadec/Alanan – sur le territoire du Bas-Léon. Il revient à la CLE (Commission Locale de l'Eau) d’élaborer une Charte territoriale visant à réduire les fuites d’azote. Celle-ci doit être validée d’ici fin 2012. Mais il sera sans doute difficile d’atteindre les objectifs de la Charte pour 2015 : prendre en compte les préconisations du Comité Scientifique est une chose, assumer les conséquences économiques et sociales en est une autre. De plus, les nitrates ne sont pas le seul paramètre à l’origine des algues vertes, interviennent aussi la courantologie, la température.... Il serait bon de faire preuve de patience, car il faut tenir compte du temps de réponse du milieu (entre 15 et 20 ans) pour voir les effets des mesures. Il est à espérer que l’argent public engagé sur les programmes « algues vertes » le soit à bon escient.

Pour demain

De lourds travaux attendent les collectivités. En effet, les réseaux d’eau potable sont vétustes et doivent être renouvelés ; reste le problème de leur financement.
Quant au Syndicat, il saura prendre les mesures imposées par l’évolution de la réglementation afin d’assurer la production d’une eau en quantité suffisante et de bonne qualité.

Quelques actions supplémentaires sur la rivière Aber Wrac’h

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D’une part, il y a eu la mise en place de plusieurs réglementations françaises, découlant de la Directive Nitrate Européenne, qui se sont imposées aux agriculteurs :

  • la réglementation « installations classées » pour les plus gros élevages,
  • les programmes de mise aux normes des élevages (PMPOA 1 et 2) pour éviter les écoulements diffus des déjections animales au siège d’exploitation,
  • le programme de résorption des excédents avec la mise en place d’installations de traitements des effluents,
  • les programmes d’action « Directive Nitrate » qui ont imposé :
    •  le plan prévisionnel de fumure
    •  des plafonds de fertilisation par secteur

En plus de ce dispositif réglementaire, d’autres programmes d’actions plus généraux, basés sur le volontariat, ont été mis en place par le Syndicat : Equiterre, Bretagne Eau Pure.

Semis de couverts végétaux sous maïs

Dans ce contexte, la nature des problèmes à résoudre s’étant beaucoup complexifiée et étendue, les effectifs du Syndicat ont fortement augmenté, en passant de 1 à 7 agents.
Aujourd’hui le défi est en passe d’être gagné : la courbe des nitrates s’est inversée à la prise d’eau et la quasi totalité des captages restant en activité sont protégés, plusieurs fournissant même une eau brute inférieure à 50 mg de nitrate/litre.

Protection de la prise d''eau de Baniguel

Depuis 1993, dans un souci de développement et de protection de la ressource, le Syndicat a assisté ses adhérents pour la mise en place des protections réglementaires autour des captages et des forages. Pour cela, il s’est appuyé sur le protocole départemental de protection des captages. Cela a été un formidable challenge qui a impliqué tous les acteurs : Etat, Conseil Régional, Conseil Général, Agence de l’Eau, les Syndicats d’eau, la profession agricole…
Retour

Au départ, l’approvisionnement en eau était assuré par une multitude de captages d’eau souterraine (environ un par commune). Chaque commune gérait l’approvisionnement en eau pour son territoire. Mais, les communes côtières avaient de plus en plus de mal à faire face à la demande l’été, car les besoins augmentaient de manière très significative. La solution passa par le regroupement des communes de la zone en Syndicat. Après diverses études, le site de Kernilis a été retenu pour l’installation des équipements (prise d’eau sur la rivière Aber Wrac’h et construction de l’usine). Les premiers travaux ont été réalisés en 1974 pour une mise en service en 1975.

Prise d’eau de Baniguel sur la rivière de l'Aber Wrac’h

 

Septembre 2012

1969/2012 : syndicat mixte des eaux du Bas Léon: plus de quarante ans d'une histoire marquée par une succession de défis